Hauptmenü:
Alfred Grosser
TEXTE
Alfred Grosser, Relations franco-
Deux siècles de haine et de passion
Si le couple franco-
l'incompréhension et la violence ont longtemps prévalu entre les deux
pays. Ce destin commun a été forgé par des hommes qui refusaient la
05 logique de l'exclusion. Auteur de L'Allemagne de Berlin: différente et
semblable (éd. Alvik), le Pr Alfred Grosser nous le rappelle.
Une idée fausse est un fait vrai: ainsi s'intitule un livre écrit sous la
direction de Jean-
en Europe (Odile Jacob). La formule permet de mieux comprendre les
10 relations franco-
Elle s'applique encore aujourd'hui, par exemple pour la célébration du
40e anniversaire du traité de l'Elysée. Son contenu était limité. À part la
création annoncée de l'Office franco-
l'obligation faite aux dirigeants et aux hauts fonctionnaires des deux
15 pays de se rencontrer régulièrement, il ne créait rien, ne réglait rien.
Les derniers conflits directs, relatifs à la Sarre et à la canalisation de la
Moselle, avaient été surmontés par le traité de Luxembourg signé en
1956 par Guy Mollet et Konrad Adenauer. Il ne marquait nullement la
naissance d'un nouvel esprit franco-
20 du général de Gaulle à ce qu'il avait combattu jusqu'à son retour au
pouvoir en 1958. Sa portée a été d'autant plus limitée que le préambule
ajouté par le Bundestag à la loi autorisant sa ratification le privait de sa
signification politique internationale quelques semaines après sa
signature. Et pourtant, d'innombrables cérémonies et discours vont
25 commémorer, le 22 janvier, le pacte fondateur de l'amitié franco-
allemande.
Le rejet du boche
Y a-
un député européen «souverainiste» affirmait tranquillement que
30 l'Allemagne avait toujours agressé la France. «Même du temps de
Louis XIV et de Napoléon? Même quand il n'y avait pas d'Allemagne,
c'est-
Cela l'est pourtant, vu d'Allemagne. Voici peu, un recueil de chants pour
enfants a été imprimé en Alsace. Il comprenait la Marche des dragons
35 de Turenne, qui comprend la belle formule: «Flambez le Palatinat!
Feux de joie en Allemagne!» Pendant les guerres du XVIIe et du XVIIIe
siècle, ce sont des terres allemandes qui ont été ravagées.
Le 15 octobre prochain, on commémorera solennellement à Leipzig la
bataille des Nations, qui vit, en 1813, l'armée de Napoléon battue par
40 une coalition comprenant Russes, Prussiens, Autrichiens et Suédois.
Leipzig est en Allemagne, et il n'y avait pas d'armée allemande. La
commémoration, déjà mise au point aujourd'hui, se voudra destructrice
de mythes, donc dénonciatrice de toute francophobie allemande
Celle-
45 germanophobie française. En 1832, la fête au château de Hambach,
date clef dans l'histoire des mouvements aspirant à la fois à la liberté
démocratique et à l'unité de l'Allemagne morcelée, a vu célébrer la
France libérale du roi-
de haine de 1914, marqué en particulier par de terribles écrits de Thomas
50 Mann. Du côté français, l'Allemand à l'âme noire n'a pris que lentement
la place du Prussien. Et la conviction d'une Prusse intrinsèquement
mauvaise, toujours menaçante pour la France, a été si forte qu'elle a
encore dominé la pensée des dirigeants français au lendemain de
l'effondrement de l'Allemagne hitlérienne. Les premières instructions
55 données par Paris aux autorités françaises d'occupation diront
qu'il faudra pratiquer «une politique de déprussianisation administrative
et culturelle». En 1948, au cours d'un entretien entre Vincent Auriol et
l'ambassadeur François-
démocrate, rescapé des camps de concentration hitlériens, il sera dit:
60 «Schumacher est un type terrible. C'est un Prussien recuit. -
paraît être un nationaliste presque fasciste. -
gauche. -
déclarera à un interlocuteur germaniste: «Vous et moi, nous savons bien
que, de l'autre côté, c'est la Prusse!» Il n'était donc pas étonnant que
65 l'Allemagne communiste fût mauvaise, alors que la Rhénanie
d'Adenaueret la Bavière, pourtant berceau du Parti national-
étaient peuplées de bons Allemands.
Pourtant, c'est bien l'Allemagne dans son ensemble qui a été l'objet de la
politique française après l'armistice du 11 novembre 1918. Était-
70 que cette politique fût celle de Clemenceau et de Poincaré? Le rejet du
boche était évidemment puissant dans la France ravagée et exsangue.
Mais les cris de haine avaient plus retenti à l'arrière, en Allemagne comme
en France, que parmi les combattants des tranchées, conscients que
ceux d'en face vivaient les mêmes souffrances. Une politique aurait pu
75 s'édifier sur l'idée d'une guerre horrible pareillement vécue. Il eût fallu
pour cela d'abord que le traité de paix n'eût pas pris la forme d'un diktat
(on négocie uniquement entre vainqueurs et le vaincu est sommé de
signer, sous peine d'invasion), ensuite que l'on eût favorisé le
développement de l'Allemagne démocratique que représentait la
80 République de Weimar. C'était impossible? C'est pourtant la politique
qui a fini par l'emporter après l'effondrement de l'Allemagne de Hitler,
infiniment plus agressive et criminelle que celle de Guillaume II.
Elle ne l'a pas emporté tout de suite chez les officiels, chefs de
gouvernement et ministres à Paris, chefs militaires à Baden-
85 haut-
République fédérale, en 1949. Dans une très belle thèse d'habilitation,
«Question nationale et nationalisme en République fédérale d'Allemagne
et leur perception au Haut-
Miard-
90 Poncet était déformée par les stéréotypes, à quel point il appliquait à
l'Allemagne la notion de l' «âme des peuples». Ses rapports au
gouvernement fourmillent de formules dépréciatives, le plus souvent
accusatrices, toujours soupçonneuses. Contester la domination alliée
était une preuve de nationalisme. Songer à restaurer l'unité de
95 l'Allemagne divisée l'était encore davantage. Et cette qualification des
interlocuteurs les disqualifiait comme partenaires.
Il ne s'agissait pas d'une attitude isolée. En 1949, un débat s'était ouvert
sur l'affaire sarroise. La France avait détaché la Sarre de l'Allemagne
occupée, après en avoir agrandi le territoire. Elle en avait fait une sorte de
100 protectorat, avec interdiction des partis «nationalistes», c'est-
réclamant une intégration à la République fédérale. Michel Debré exigeait
la fermeté. On devait partir d'un constat simple: «Le regard allemand
est toujours sincère, je veux dire sincèrement respectueux ou
sincèrement dominateur.» Il convenait donc d'imposer le respect. Une
105 attitude tout autre était celle d'Henri Frenay: «Il faut reléguer au musée
le clairon de Déroulède comme le sabre de Bismarck.»
Frenay avait été l'un des principaux chefs du mouvement de résistance
Combat. Il était, en 1949, président du bureau exécutif du Mouvement
fédéraliste européen. Les deux autres principaux dirigeants en étaient
110 l'Italien Altiero Spinelli, ancien détenu des prisons de Mussolini, et
l'Allemand Eugen Kogon, qui avait survécu à un long séjour au camp de
Buchenwald. Ce qui les unissait, c'était la conviction d'une
coresponsabilité égalitaire pour le développement de la démocratie
libérale dans leurs trois pays et dans les autres pays de l'Europe à édifier.
115 C'est à partir d'une conviction analogue que se sont développées,
dès la fin de la guerre, des relations franco-
de la politique officielle. Le Figaro avait publié le 16 mai 1945 un article
du vieil Alsacien Jean Schlumberger, cofondateur de la NRF, qui disait:
«Après le traité de Versailles, notre attitude fut trop souvent celle d'une
120 défensive fataliste. Nous nous bornions à nous demander: “Que
vont-
convient (aujourd'hui): qu'allons-
24 octobre suivant, il écrivait: «Il n'y a qu'un problème majeur. Il n'est
pas allemand, mais français.» Le même mois paraissait dans Esprit un
125 long texte de Joseph Rovan, survivant de Dachau. Il était intitulé
«L'Allemagne de nos mérites». Il fallait se sentir coresponsable de
l'avenir allemand et, pour cela, travailler ensemble avec ceux des
Allemands qui avaient combattu Hitler. Il fallait créer des relations
égalitaires. Cela supposait que l'on ne pouvait demander aux jeunes
130 participants allemands des premières rencontres de comprendre les
souffrances françaises sous l'Occupation qu'en demandant aux jeunes
Français de comprendre les nuits allemandes sous les bombes et le
tragique destin des millions d'Allemands expulsés de terres que même
le traité de Versailles avait considérées comme allemandes.
135 La Première Guerre mondiale avait opposé des nations. La Seconde
a été antihitlérienne. Dans ce sens, deux cérémonies célèbres et
effectivement chargées de sens peuvent être critiquées: le général de
Gaulle et le chancelier Adenauer côte à côte dans la cathédrale de Reims
en 1962 et François Mitterrand serrant la main de Helmut Kohl à Verdun
140 en 1984. Dans les deux cas, on célébrait plutôt la réconciliation des
ennemis de 1914, alors qu'il eût mieux valu célébrer à Dachau la victoire
morale commune remportée sur le passé par ceux qui avaient combattu
le nazisme.
Les couples créateurs
145 La concordance entre la vision et la visée d'en bas avec celles d'en
haut s'établit le 9 mai 1950. La déclaration de Robert Schuman a constitué
une sorte de révolution. Jusqu'alors, pour l'Allemagne comme en matière
de décolonisation, la politique française avait consisté à céder de mauvais
gré, sous la pression, beaucoup plus que ce qui lui avait été demandé à
150 l'origine. Un exemple caractéristique, en 1949: les aciéries Thyssen
étaient sur la liste des démontages; Konrad Adenauer, vainqueur des
premières élections, propose discrètement qu'elles en soient rayées et
deviennent propriété française. L'idée n'est pas retenue, mais, quelques
semaines plus tard, les États-
155 Thyssen Hütte -
Schuman a agi sous la contrainte: au cœur de la guerre froide, la France
ne pouvait plus dominer l'Allemagne; pour en contrôler le charbon et
l'acier, il fallait se laisser contrôler soi-
pas celui qui sait se soumettre à la contrainte et la transformer en
160 création? En l'occurrence, l'intérêt national français et l'intérêt
transnational d'une construction européenne coïncidaient.
N'en est-
et Gerhard Schröder ne manqueront pas de faire à l'occasion du 40e
anniversaire du traité de l'Elysée ne devrait-
165 seule phrase: «Nous, président de la République française et
chancelier de la République fédérale d'Allemagne, nous reconnaissons et
proclamons que l'intérêt national prioritaire de nos deux pays est le
progrès de l'Europe communautaire»?
Il ne s'agit pourtant ni d'une évidence ni de l'aboutissement d'un
170 développement continu pendant le dernier demi-
doute trop souvent, on a voulu expliquer l'état des relations
gouvernementales franco-
entre les chefs de gouvernement ou d'Etat des deux pays. Pourtant, les
situations objectives ont pu être plus déterminantes. Ainsi, de 1946 à 1962,
175 à l'exception des quelques semaines de 1954 qui ont séparé la fin de
la guerre d'Indochine du début de la guerre d'Algérie, la France avait du
mérite à ne pas se laisser entièrement détourner de l'Europe par des
tragédies d'outre-
que le général de Gaulle s'est senti libre de poursuivre le «grand dessein»
180 dont l'entente avec la République fédérale faisait partie et qui a
finalement échoué.
Le vieux chancelier Konrad Adenauer admirait profondément le Général.
Celui-
Le voyage allemand pleinement réussi de septembre 1962 a vu la
185 population allemande partager le sentiment du chancelier, si bien
que le Spiegel, pourtant constamment violemment critique à l'égard de la
France, a pu écrire qu'il était arrivé président des Français et reparti
empereur d'Europe -
n'avait pas impliqué une supranationalité qu'il ne pouvait admettre.
190 Georges Pompidou n'aimait pas Willy Brandt. Il n'en a pas moins
soutenu l'Ostpolitik du chancelier, même si les relations directes germano-
polonaises et germano-
d'intermédiaire de la France. Mais il s'est trouvé qu'au même moment, à
Londres, était au pouvoir le seul Premier ministre britannique qui, avant
195 Tony Blair, ait eu la fibre européenne. Le «couple» Georges
Pompidou-
Communauté économique européenne. Le général de Gaulle avait voulu
éviter la présence du «cheval de Troie des États-
2002 lui donne en partie raison, puisque Tony Blair se montre pleinement
200 aligné sur Washington dans l'affaire irakienne. Mais la réalité est
plus complexe que l'apparence: le Royaume-
«européen» que jamais, dans le sens intergouvernemental qui était celui
du général de Gaulle. Il est simplement en situation très inconfortable de
grand écart, avec une répercussion curieuse sur le «couple» franco-
205 allemand: alors que, naguère, Paris et Berlin ou Bonn s'inquiétaient
des relations de l'autre avec Moscou (souvenir de Rapallo contre souvenir
des traités franco-
aujourd'hui que l'autre ne le trompe avec Tony Blair -
militaire à Saint-
210 Personne ne conteste qu'il y a eu deux couples créateurs, Valéry
Giscard d'Estaing-
Le premier a jeté les bases d'une future monnaie commune, l'autre l'a
réalisée. Pas tout seuls, évidemment, mais c'est bien le moteur franco-
allemand qui a fait avancer l'Europe communautaire.
215 L'euro a-
réunification allemande? On l'a beaucoup écrit en Allemagne, mais
l'approbation du projet Delors a été antérieure à la chute du mur de Berlin.
Et, surtout, la réunification a eu deux aspects franco-
importants. D'une part, l'appui français, d'abord hésitant, a confirmé la
220 signification que Jacques Delors avait d'emblée comprise et
soutenue: l'unification a constitué le premier élargissement vers l'Est de
l'Europe des libertés. Le recours à l'article 23 de la Constitution de la
République fédérale (les compatriotes de la partie devenue libre
deviennent citoyens de l'Etat libre dès l'origine) procédait de ce principe.
225 Lors de la séance solennelle de l'unité retrouvée, le président de la
République, Richard von Weizsäcker, a publiquement remercié Delors,
seul étranger assis parmi les députés allemands, du soutien de la
Communauté et, quelques semaines plus tard, Willy Brandt, doyen d'âge
du premier Bundestag de l'Allemagne réunifiée, a rappelé que l'unification
230 n'aurait pu se faire si aisément sans l'existence de la Communauté
européenne.
En même temps, cependant, l'unité créait une situation nouvelle entre la
France et l'Allemagne. Non pas à cause d'un nouveau Drang nach Osten,
d'une volonté allemande d'expansion vers l'Est. À Prague et à Budapest,
235 la jeune génération apprend l'anglais, non l'allemand. Les problèmes
posés par l'entrée de la Pologne sont encore plus sérieux pour
l'Allemagne que pour la France. Mais le traité «Deux plus quatre», signé
en septembre 1990, plaçait l'Allemagne au même rang que la France.
À Berlin, la France avait été l'un des Quatre Grands, donc grande.
240 Désormais, elle n'était pas plus souveraine que l'Allemagne, les
deux souverainetés étant également limitées par tous les transferts
consentis à l'Europe communautaire.
Mais une autre supériorité française n'a pas été entamée. La crise
irakienne a montré que le siège permanent au Conseil de sécurité pouvait
245 lui donner un poids politique certain. La Süddeutsche Zeitung, l'un
des trois grands quotidiens nationaux, a publié un portrait enthousiaste
de Jean-
de sécurité. Aucun ambassadeur allemand ne serait en mesure de jouer
un tel rôle, disait la Süddeutsche avec l'habituel masochisme allemand.
250 Ce constat devrait conduire à la conclusion qu'une politique
extérieure commune est irréalisable, même si un ministre commun devait
prendre la double succession de Chris Patten et de Javier Solana: le
Royaume-
pas à une politique nationale, source d'influence et de prestige.
255 Même s'il n'en était pas ainsi, il resterait des différences de situation.
Ainsi, il est plus difficile à un chancelier allemand qu'à un président
français de dire ou même de suggérer que s'opposer à Bush n'est pas
plus de l'antiaméricanisme que s'opposer à Sharon n'est de
l'antisémitisme. En même temps, il existe des similitudes mal perçues. Il
260 en va ainsi pour un problème intérieur commun: quelles doivent être
les relations avec les États musulmans pour que puisse naître un islam
organisé, en Allemagne comme en France, dont l'argent ne proviendrait
plus d'un autre continent et dont les imams seraient formés en Europe?
Des liens exceptionnels
265 Les ressemblances sont fortes, même si elles ne sont pas
comprises comme semblables ni traitées en commun. France Télécom
et Deutsche Telekom ont subi les mêmes chocs, dus à des erreurs
d'investissement et d'endettement. Y a-
surmonter une situation catastrophique? Les deux pays s'étaient
270 engagés à soumettre chaque année l'un à l'autre le projet de budget
avant son envoi au Parlement. Qu'en est-
de l'union négative pour vilipender les 3% du PNB (déficit budgétaire
maximal toléré par l'Union)? La priorité donnée par Jacques Chirac à
l'agriculture (ou plutôt aux agriculteurs les plus fortunés), celle donnée
275 par Gerhard Schröder à la contribution allemande au budget
européen, alors que l'Allemagne est la principale bénéficiaire du marché
commun -
élaborés au détriment de tiers, en l'occurrence les agriculteurs des futurs
membres de l'Union. Le «couple» actuel n'est assurément pas fondé
280 sur une sympathie humaine particulière, mais l'important est sans
doute que ni Jacques Chirac ni Gerhard Schröder n'ont encore exprimé
clairement quelle est leur conception de l'Europe communautaire à
instaurer. Le chancelier semble tiède face à la conception de son ministre
des Affaires étrangères. Le président a semblé jusqu'ici plus proche de
285 Tony Blair que de Joschka Fischer.
Ce que l'on ne voit pas, ce que l'on ne dit pas assez, c'est que, même en
période de malentendus ou de désaccords intergouvernementaux, les
relations franco-
plus multiples, plus intimes que celles de la France ou de l'Allemagne avec
290 tout autre pays. À tous les niveaux: certes, il existe des centaines de
jumelages de villes, de régions, de lycées, devenus stériles et purement
incantatoires. Mais il en existe autant d'autres bien vivants, partie créatrice
de la trame transnationale édifiée depuis 1945. L'Office franco-
pour la jeunesse continue à organiser efficacement. En 1990, il a même
295 affirmé sa présence dans les «nouveaux Länder» avant même leur
découverte par les Allemands de l'Ouest. Les échanges scientifiques,
les séjours d'études, les liens interuniversitaires sont d'une densité
exceptionnelle. Les liens entre diplomates aussi. Que d'actions communes
entre les deux ambassades ou les deux représentations, que ce soit à
300 New York ou à Minsk! Il y a des reculs aussi. Le principal est le déclin
du français en Allemagne et l'effondrement de l'allemand en France. Un
seul département français connaît un prodigieux développement de
l'allemand, grâce à une germaniste enthousiaste et efficace. Il s'agit de l'île
de la Réunion! Mais l'arbre du recul linguistique ne doit pas cacher la
305 forêt des acquis et des développements positifs. Même si ceux-
vont être surestimés à l'occasion du 40e anniversaire. Que les deux
Parlements se réunissent à Versailles constituera un symbole fort. À
condition toutefois que les deux gouvernements ne se contentent pas
de symboles et de déclarations d'intention ronflantes! Il y a beaucoup de
décisions communes à élaborer, de soutiens à accorder ou même à
310 maintenir, de politiques communes à mettre en pratique, notamment
en matière européenne. Un acquis peut se dissiper. Un supplément n'est
réel que s'il n'est pas purement verbal. Jacques Chirac et Gerhard
Schröder devraient en avoir conscience.
de: L'Express, 02/01/2003, http://www.lexpress.presse.fr/Express/Info/Europe/Dossier/franceallemagne/dossier.asp?ida=368126
3150 mots env.
QUESTIONS et DEVOIRS
1. Faites le plan du texte. Donnez un titre à chaque partie que vous avez trouvée.
2. À l'aide des titres, résumez le contenu de l'article d'Alfred Grosser.
3. Montrez les difficultés en ce qui concerne les relations franco-
4. Que dit Professeur Grosser des «couples créateurs» (l. 144)?
5. Quels sont les liens exceptionnels entre la France et l'Allemagne?
6. Au-
7. Les jumelages et les échanges franco-
8. Selon vous, que pensent les autres pays européens du moteur de l'Europe?
9. Décrivez le dessin:
de: http://www1.rhein-